Jean Dawson, musique multifacette
Par Julian
Publié le 28 novembre 2022
illustration de fefe
Aujourd’hui j’aimerais vous parler d’une agréable découverte que j’ai faite récemment, et qui m’a fait réaliser quelque chose sur la manière dont on distingue les genres musicaux. J’espère piquer votre curiosité et que ce sera pour vous une surprise tout aussi agréable que ça l’a été pour moi!
Jean Dawson (de son vrai nom David Sanders) est un musicien de pop expérimentale mexicano-américain né à Tijuana, au Mexique, d’un père étatsunien et d’une mère mexicaine. Ayant fait l’école primaire à San Diego, il passe ses trajets de bus à écouter une grande variété de musiques, comme du hip-hop, de la grunge, de la Britpop, du new-wave, ou encore du « rock en español ». Ces goûts éclectiques feront de lui un artiste touche-à-tout.
Il sort son premier album, Bad Sports, en 2019, qu’il a enregistré avec son colocataire à la fac, Lecx Stacy. Ce premier album a une sonorité plutôt urbaine, comme du R&B à la Frank Ocean et du hip-hop à la Brockhampton saupoudré d’un rock dont les riffs et les solos de guitares sont teintées d’une certaine mélancolie. De cet opus nous pouvons citer les singles Napster et Bullfighter, dont le clip les présentant en diptyque, MEMORY IS A SOFTWARE, donne les prémices d’un univers tant visuel que musical inspiré de Kid Cudi et de Kanye West, entre autres.
En 2020, il sort l’album qui l’a révélé, Pixel Bath, qu’il sort avec le label indépendant P+. Ce joyau aux sonorités plus pop que l’effort précédent puise dans des sonorités plus alt-rock des années 90 des groupes comme Nirvana ou encore The Pixies, tout en laissant parler les influences urbaines de l’album précédent, en témoigne le titre Triple Double, en featuring avec le rappeur A$ap Rocky. Aussi, des influences shoegaze et dreampop sont assumées et évidentes dans des titres comme Dummy, Jean Dawson ayant grandement été influencé par Cocteau Twins. Parmi mes coups de coeur de cet album se trouvent les titres Power Freaks et Starface*.
En octobre de cette année, Jean sort son troisième opus, CHAOS NOW*, qui laisse éclater au grand jour ses influences pop-punk et emo, comme nous pouvons le voir sur des morceaux comme GLORY* ou SICK OF IT*, tout en laissant parler ses racines hip-hop comme dans le diptyque 0-HEROES* et SCREWFACE* ou BLACK MICHAEL JACKSON*. Aussi, il expérimente avec la musique folk à la Bon Iver dans les titres BAD FRUIT* en featuring avec le rappeur Earl Sweatshirt, et PIRATE RADIO*.
Lorsque j’ai écouté Jean Dawson pour la première fois, je me suis demandé, « mais du coup, c’est quoi comme style ? » il est vrai qu’on se retrouve avec un tel mélange de genres qu’on n’arrive plus à catégoriser ce qu’on écoute. Puis, je me suis penché sur ses influences musicales éclectiques, et je me suis fait une réflexion qui vaut, je pense, pour tous les artistes de notre génération: peut-être que penser en termes de genres musicaux devient, pour nous, obsolète.
En effet, avec un accès à la musique jamais imaginé auparavant nous avons grandi sans frontières entre genres musicaux et sans une mentalité de les filtrer. En tant qu 'auditeurs nous écoutons de tout sans que rien nous soit imposé et nous sommes beaucoup plus perméables à diverses influences. Par corollaire, les artistes, auditeurs avant tout, à l’heure de composer ou de produire, croisent ces diverses influences piochées du coin de leurs casques ou leurs enceintes. L’art qui en sort devient multi-facettes, dans le cas de Jean Dawson, mi-R&B, mi-hip-hop, mi-pop, mi-rock, mi-folk, bref, une musique à genres pluriels dans son entièreté.
Écouter Jean Dawson m’a fait réaliser que la musique qui sort aujourd’hui est de plus en plus multi-facettes, au point de rendre obsolètes les barrières de genres musicaux, et de faire fi des tribus les plus puristes qui autrefois ne les gardaient que pour eux. Pour autant, doit-on délaisser notre habitude de la catégoriser ? En tant qu’auditeur et spectateur, je dirais que si ces catégories nous permettent de mieux appréhender ce qu’on écoute, de savoir plus où moins à quoi s’attendre, il ne faut pas nous laisser aller à un essentialisme qui n’est plus d’actualité ; la musique de l’avenir sera à la fois pop, techno, trap, rock, hip-hop, bref, sera plein de choses à la fois.
Bref… Écoutez du Jean Dawson, ça va vous faire du bien! ;)
Julian.