INK n°24 - In media res
Printemps 2021 - Numéro spécial des 10 ans
Edito
En plus de 10 ans, le bachelor en relations internationales est devenu la formation la plus populaire de l’université de Genève. Mais les principaux problèmes qui l’affligent depuis sa création n’ont pas encore été résolus.
Il y a un peu plus de 10 ans, un groupe d’étudiants se réunissait dans une sombre salle d’Uni Mail et lançait le magazine que vous tenez entre les mains. Le bachelor en relations internationales (BARI) avait été créé deux ans auparavant, une conséquence de la réforme de Bologne qui instaurait le système de bachelors et de masters.
A l’époque, de nombreux doutes planaient sur la formation et dans la tête des étudiants. Quels masters allaient-ils pouvoir réaliser par la suite ? Quels débouchés professionnels allaient se présenter à eux après avoir réalisé des études qui n’existaient pas quelques années auparavant ? Certains craignaient même que le bachelor, à l’époque le fruit d’une collaboration boiteuse entre facultés, ne disparaisse.
Lorsque nous avons créé ce journal, l’un des nos principaux objectifs était de répondre à ces questions. Au fil des années, International.Ink a réalisé des enquêtes sur les réformes du cadre législatif de l’université, décrypté les multiples refontes de la formation en relations internationales et exploré en profondeur les possibilités de masters.
Aujourd’hui, le BARI est un succès incontestable. Avec 1163 étudiants en 2019, il s’agit du bachelor le plus populaire de l’université de Genève devant le droit (1050), l’économie et le management (1007) et même les sciences sociales (602).
De nombreux alumni ont suivi des formations postgrades prestigieuses, à la London School of Economics, la New York University ou l’Université de Tokyo. Nombre d’entre nous ont poursuivi la carrière dont ils rêvaient quand ils ont commencé ces études. Certains sont devenus diplomates, journalistes pour Le Temps, Le Monde ou The Wall Street Journal, ou travaillent pour des organisations internationales.
Mais des incertitudes persistent. Aucune étude détaillée n’a été réalisée sur les alumni. Que sont devenus les plus de 10’000 étudiants qui sont passés par le bachelor en relations internationales ? Il est crucial de connaître le type de master réalisé, la profession, le type de position et les salaires au minimum pour déterminer si cette formation fournit les outils nécessaires pour réussir.
Il est aussi triste d’apprendre via les étudiants actuels que les problèmes majeurs qui affligeaient la formation à l’époque, tels que l’absence de collaboration avec les organisations internationales et les ONGs ou les faiblesses d’encadrement liées au trop grand nombre d’étudiants, persistent. “Ajouter des assistants pour corriger les copies ne sera pas suffisant, il va falloir revoir la manière dont nous enseignons nos cours,” souligne Nicolas Levrat, le directeur du Global Studies Institute, en charge du bachelor.
Signe que les choses évoluent dans le bon sens, une commission va prochainement analyser la formation et suggérer des changements un processus qui pourrait prendre 2 à 3 ans et qui sera suivi de près par ce journal. L’université doit prendre ce travail au sérieux et investir les moyens nécessaires pour garantir des études de qualité. Car à l’heure ou Brexit, la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine et la pandémie Covid-19 transforment la planète, former les prochains leaders et experts des questions globales paraît plus important que jamais.
Clément Bürge
Co-Fondateur, International.Ink. Vidéo-Journaliste, The Wall Street Journal, Hong Kong