Dopamine, Algorithmes et Addiction
Par Fefe
Témoignages de Sophie
Publié le 16 décembre 2021
Contrairement à l’idée répandue que les écrans réduisent nos temps de concentration, les études empiriques ne trouvent pas de lien entre le temps passé sur les réseaux et le temps de concentration. Le lien se situe plutôt dans la création de dopamine. Les applications sur nos smartphones nous envoient constamment de la stimulation, créant un apport de dopamine qui augmente le taux chimique de base de notre cerveau. Il s'adapte alors à ce nouveau standard , et il cherche le même taux de stimulation dans la vraie vie qui, elle, n’est pas composée d’un fil d’actualité affiné à nos intérêts. Cette overdose de Dopamine est ce qui nous rend réellement addict.
constamment confrontée. Même si je sais que la grande majorité des étudiant.e.s et des jeunes généralement sont dans le même cas, j’ai toujours l’impression d’être la pire.
On parle beaucoup aujourd'hui de notre addiction aux téléphones et le temps passé sur les réseaux sociaux nous fait parfois grincer des dents. Il semble impossible de se séparer de nos écrans. Non pas par mauvaise volonté mais parce que la majorité de nos connexions sociales, notre accès au savoir académique et nos divertissements reposent dessus. Il serait naïf de dénigrer en absolu tout ce que les nouvelles technologies font pour nous, nous vivons dans une époque sans précédent, où l'information est totalement démocratisée et où les connexions se font instantanément. Nous
J’écris ces quelques mots en étant sur mon ordinateur dans le noir plombant de ma chambre. A nouveau, un écran face à moi. J’en ai mal aux yeux à force d’avoir été sur les écrans toute la journée mais je persiste à vouloir écrire ces phrases. J’arrêterai sûrement quand j’aurai passé tellement de temps dessus que j’en aurai mal à la tête. Là, je m’endormirai sûrement. Je n’ai jamais parlé de mon addiction à mon téléphone à personne. Pas mes amis, pas ma famille, encore moins mes parents. C’est la première fois que j’évoque ma dépendance à mon portable “à voix haute” ici. Même si c’est quelque chose que je remarque tous les jours, auquel je pense au quotidien. Logique, vu que j'y suis
avons littéralement le monde au bout de nos doigts. Il serait impossible de laisser ces technologies derrière nous, par contre il est essentiel de se poser la question: Pourquoi utilisons - nous ces outils plus que ce qui est nécessaire ? Pourquoi sommes nous tous d’accord pour dire que ces écrans nous font du mal, mais sommes incapables de les laisser éteints.
En addition à cette sur-stimulation de dopamine, s’ajoute le problème des algorithmes, qui analysent avec une précision surréaliste nos centres d'intérêts pour nous garder engagés sur leurs plateformes. Mais cette analyse de data personnelle a des effets sociaux très dangereux dans des cas de faiblesse psychologique, par exemple l’anorexie, la dépression. Plus l’utilisateur réagit à du contenu négatif, plus l’algorithme lui propose ce dernier. Créant un cercle vicieux, surtout pour les utilisateurs plus sensibles à ces problèmes, notamment les jeunes. Ces algorithmes ont des effets psychologiques très concrets, et ils s'étendent au-delà des risques personnels, et affectent des communautés entières, créant des bulles d'information voire de désinformation,
plongeant les gens de plus en plus profondément dans des “rabbit holes”. Ces phénomènes biochimiques et sociaux sont instrumentalisés pour nous garder sur nos écrans, ceux-ci sont conçus pour activer des comportements addictifs. En effet, plus de temps passé sur les réseaux veut dire plus de profit. La réponse à nos comportements addictifs n’est pas nécessairement de jeter collectivement nos téléphones dans le lac, mais de réfléchir à comment réglementer les espaces digitaux pour les rendre plus sûrs. Si les technologies sont capables d’exploiter nos faiblesses psychologiques avec autant de succès, elles sont tout aussi capables de créer un meilleur espace digital, plus sûr, plus positif, pour leurs utilisateurs.
Par Fefe
Témoignages de Sophie
illustration de la rédactrice