L'affaire de la Belle et la Bête
Extrait d'un atelier d'écriture
Par Justine et Anouk
Publié le 5 avril 2022
La semaine dernière, nous avons organisé un atelier d’écriture. Le but était de réécrire un conte de notre enfance selon une écriture journalistique particulière. Le conte choisi était celui de la Belle et la Bête et l’extrait suivant adopte un journalisme d'opinion.
Bonne lecture !
Depuis quelques mois, l’affaire Belle prend de l’ampleur dans la campagne française. En effet, de nombreuses opinions se sont formées sur cette femme enlevée, puis mariée à son kidnappeur. Nous allons tenter de revenir sur ces événements, qui ont su mettre en exergue des thématiques sensibles de notre société actuelle.
Belle, fille de riche marchand, est connue pour sa passion de la lecture. Toujours les yeux rivés sur un livre, cette femme éduquée n’est malheureusement pas valorisée pour son intellect. Mais ne serait-ce pas une thématique récurrente de notre société ? “Belle”, un nom symbole du seul trait dont on semble se rappeler, comme le montre Gaston - un courtisan de la jeune femme. Notre enquêteur nous indique que celui-ci, malgré les refus répétés de Belle, continuait de la harceler sans accepter son refus comme réponse. Il aurait d’ailleurs été incapable de décrire les centres d’intérêts de celle-ci, simplement focalisé sur son physique. Comme d’habitude, aucune personne du village n’est intervenue, et au contraire soutenait ce Don Juan, surnommant le duo “couple de l’année” ou ressassant des commentaire tels que “elle ne sait pas l’apprécier à sa juste valeur” ou “quel gâchis, un si bel homme”. Ainsi, la “rape culture”, comme disent les anglophones, est plus visible que jamais.
Cependant, son témoignage sur sa vie au château de la bête montre qu’elle recèle de bien d’autres qualités que son simple physique. Pour rappel, voulant lui faire plaisir, le père de Belle souhaitait lui offrir une rose. Mal lui en a pris, car son choix se porta sur une rose du jardin de la bête. Cette dernière était en réalité un prince transformé il y a de nombreuses années par une fée déguisée en mendiante, qui demandait l’asile. La bête aurait alors refusé en se moquant de sa piètre allure, et la fée l’aurait alors changé en bête “jusqu’à ce qu’il trouve l’amour véritable, qui ne se focalise pas sur son physique”.
Pour en revenir aux faits, agacée par ce vol, la bête séquestre le père de Belle et celle-ci, désemparée, cherche à le sauver. Elle se rend au château et se propose pour le remplacer. Au départ, Belle est prête à tout et encaisse les phrases sans flancher, voire même les actions violentes de la bête. Agressive, nerveuse, cette dernière s’énerve facilement et ne semble pas ressentir d’empathie envers la jeune femme. Il est difficile de déterminer à quel moment son tempérament s’apaise, mais c’est ce qui finit ensuite par se passer. Peut-être a-t-il réalisé que Belle était la porte de sortie du maléfice qui a été jeté sur lui ? Nous ne le saurons probablement jamais. Le fait est que cela fonctionne et que, peu de temps après, un baiser de Belle lui rend son apparence humaine, ainsi qu’au reste du château. Les journaux affichent alors en première page un nouveau couple, et tout le monde se réjouit. On semble presque oublier qu’un raid a été monté par les villageois pour sauver Belle des griffes de cette bête immonde. Tant qu’il est prince, beau, charmant, tout comme Gaston d’ailleurs, les villageois se réjouissent de voir les “tourtereaux réunis”.
Par Justine et Anouk.