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Le prix Václav-Havel 2020

est dédié aux droits des femmes 

Par Marie Durussel

Publié le 27 avr. 2021

Lundi 19 avril 2021, le Conseil européen a décerné le prix des droits de l’Homme Václav Havel à Loujain al-Hathloul pour sa défense des droits de la femme en Arabie saoudite. Après avoir été arrêtée à de multiples reprises, cette militante saoudienne de 31 ans est considérée par l’organisation comme l’une des leaders du mouvement féministe de son pays. Ce prix récompense les actes admirables des personnes civiles pour la défense des droits humains. Créé en 2013, il est d’une valeur de 60’000 euros et a été donné à la soeur de Loujain al-Hathloul en son nom.  

Ayant passé une partie de son enfance en France, Loujain al-Hathloul est diplômée de l’Université de Colombie-Britannique de Vancouver. En décembre 2014, elle est arrêtée pour  avoir été au volant d’une voiture, car jusqu’en juin 2018, une femme n’était pas autorisée à  conduire en Arabie Saoudite. En 2016, elle signe une pétition pour l’abolition du système de tutelle masculine dans le royaume. Deux ans plus tard, les femmes acquièrent le droit de fonder leurs entreprises sans l’autorisation d’un tuteur. Quelques mois plus tard, elle est arrêtée pour avoir participé à une manifestation contre l’interdiction de conduire des femmes. Avec elle, sont arrêtées deux autres activistes saoudiennes, Eman al-Nafjan, blogueuse célèbre connue  sous le nom de Saudiwoman et Aziza al-Yousef, professeure universitaire en informatique. Durant son emprisonnement, des membres de sa famille affirment qu’elle a subi des violences physiques et des sévices sexuels.

 

Durant le mois d’août 2019, Loujain al-Hathloul est libérée, mais à condition qu’elle déclare ne pas avoir été torturée durant sa détention, ce qu’elle refuse. En parallèle, l’Arabie Saoudite instaure de nombreuses mesures qui accordent plus de droits aux femmes, notamment le droit à un passeport et de voyager sans l’autorisation d’un tuteur. Il est aussi désormais possible pour une femme de gérer un foyer. Ces mesures, saluées par Amnesty International, ont été mises en place par le prince héritier Mohammed Ben Salmane qui cherche à moderniser le pays, notamment à travers une diversification de l’économie. Cela a entraîné de nombreuses réformes sociales telles que la réouverture des cinémas autrefois interdits dans le royaume. Cette même année, la femme politique canadienne Hélène Laverdière propose Loujain al Hathloul au concours du Prix Nobel de la Paix et l’année suivante, l’activiste saoudienne obtient le Prix Liberté 2020.   

 

Durant sa détention, la militante fait 2 grèves de la faim pour obtenir le droit de voir sa famille plus souvent. En décembre 2020, le verdict tombe et le tribunal chargé des affaires de terrorisme lui impose une peine de 5 ans et 8 mois d’emprisonnement. Human Rights Watch a dénoncé cette sentence en déclarant que la militante a été emprisonnée pour avoir défendu ses droits. Depuis février dernier, elle est en liberté conditionnelle pour 3 ans. Après sa libération, Loujain al-Hathloul est apparue amaigrie avec des cheveux grisonnants. Sa soeur Lina affirme que « le silence est devenu la norme dans notre pays » d’où l’importance de l’aide de la communauté internationale.  

Parmi les finalistes du prix Václav-Havel, il y avait Julienne Lusenge et les nonnes de l’Ordre Drukpa. Les Soeurs du couvent Amitabha Drukpa, originaires principalement d’Inde, du Népal et du Tibet, défendent l’égalité des sexes et l’environnement. Julienne Lusenge, militante pour la défense des femmes dans la République démocratique du Congo, a participé à la création de la SOFEPADI, une association sensibilisant la population aux droits des femmes et à la situation économique et politique en RDC. Elle s’est exprimée lors d’un débat sur les femmes et la paix à l’ONU notamment sur la violence faite aux femmes dans son pays. En mars dernier, elle obtint le Prix international de la femme de courage. 

Lors de la remise du prix Václav-Havel, qui a été repoussée à cause de la pandémie, Rik Daems, le président de l’Assemblée parlementaire du Conseil d’Europe, a rappelé que « Les droits des femmes sont menacés, y compris dans nos Etats membres. ».

 

Du chemin reste à faire en ce  qui concerne l’égalité des genres, mais de nombreux progrès ont été faits durant ces dernières décennies. Récompenser les militantes pour la défense de leur droit est un pas de plus vers l’égalité. 

Par Marie Durussel

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