Un mois sans alcool, la fête est plus folle
Par Laura
Publié le 1 novembre 2022
illustration de fefe
Les soirées arrosées, avec une délimitation quasi inexistante entre jours de la semaine et week-ends, constituent une partie intégrante de la vie sociale universitaire. Comme l’a si bien dit Jul, tous les jours c’est samedi soir. Selon une étude de Mes Choix Alcool, environ 35% des jeunes de 15 à 24 ans en Suisse ne boivent pas du tout, et pourtant, il peut s’avérer difficile de concevoir qu’une soirée puisse être autant amusante en étant sobre qu’en ayant bu.
Mais comment en sommes-nous arrivés là ? Et d’où vient l’alcool ?
L’origine de l’alcool est quelque peu anecdotique et (ironiquement) un peu floue. En effet, sa découverte remonterait à la préhistoire, en tant que résultat d’une fermentation non-intentionnelle d’aliments vieillis, plus particulièrement de fruits. Ce serait ensuite en Chine, environ 7000 ans avant notre ère, qu’on aurait commencé à volontairement produire des boissons alcoolisées avec du riz, du raisin et du miel fermentés, après que des agriculteurs aient découvert que le jus de raisin fermente naturellement. A partir de là, l’alcool adopte différents usages et symboliques au fil du temps, selon l’époque et le lieu.
La prise d’alcool était déjà un phénomène commun dans la plupart des civilisations de l’Antiquité et constituait, dans certaines communautés, un acte divin. En effet, le mot « alcool » vient de l’arabe et signifie « essence subtile » ou « esprit ». Au Moyen-Age, l’alcool était souvent utilisé comme substitut de l’eau, car celle-ci pouvait être contaminée et donc très nuisible à la santé. L’expression « l’alcool c’est de l’eau » n’est donc pas totalement dépourvue de sens. Pendant des siècles, avant que les désinfectants chimiques ne soient inventés, on l’a également utilisé comme antiseptique. Au 19ème siècle, l’alcool a ensuite connu une grande évolution via le développement de la distillation, permettant de créer des boissons plus fortes et diversifiées. La beuverie constitue peu à peu une forme de distraction et de détente, notamment dans les bars et les tavernes. Quant aux premiers cocktails, ceux-ci ont été inventés lorsque des barmans essayaient de masquer le goût des alcools de mauvaise qualité. Ces évolutions ont contribué à une montée de l’alcoolisme et des problèmes sociaux associés. Dès le 20ème siècle, l’alcool devient un élément omniprésent de la vie sociale et commence à être largement commercialisé. A cet égard, il est un des premiers produits à être vendu en bouteille.
Dû en partie à son exposition dans les médias et la publicité, l’alcool se répand aussi de plus en plus auprès des jeunes. Toutefois, en même temps que l’alcool devient plus banalisé, la sociologie de l’alcool, elle, évolue aussi. En effet, on prend plus conscience de ses effets néfastes sur la santé physique et mentale et il s’avère que l’on boit moins que la génération précédente.
Cela dit, que l’on tienne compte de ses conséquences ou non, l’alcool reste un élément central d’une soirée qualitative pour les jeunes. Que ce soit pour se désinhiber et être plus relâché ou par mimétisme, la consommation est comme une évidence. A cet effet, le groupe ACT (@groupeact.aespri) a réalisé un projet s’agissant de se pencher sur la question de la pression sociale liée à l’alcool et sur le comportement des étudiants selon qu’ils choisissent de boire ou non. Une des expériences y relative était de passer un mois sans boire afin de saisir le ressenti des participants. Cette expérience a suscité des difficultés, liées entre autres à la pression sociale, au confort de rester dans ses habitudes et, sur le plan psychologique, le fait vouloir ce que l’on ne peut pas avoir en s’abstenant.
Toutefois, elle a eu ses points forts aussi. Notamment, des participants ont témoigné que le défi devenait plus facile au fil du temps, qu’ils ont quand même su s’amuser et qu’on se sentait plus frais au réveil. Dans ce même cadre, le groupe ACT a invité le INK à prendre part à deux soirées, avec pour seule différence que la première soit sans alcool et la deuxième avec alcool, afin de les comparer. Ce que l’on a pu déduire d’un point de vue global est que les deux soirées étaient plus ou moins mouvementées de la même façon au niveau de la musique mais que la première s’est terminée plus tôt (ce qui n’est pas plus mal quand on a les cours le lendemain). La deuxième soirée s’est révélée plus chaotique (avec plus de casse et de dessins sur les murs) et semble avoir été plus relâchée et interactive. Sans surprise, la soirée avec alcool a eu plus de succès. Néanmoins, il semblerait que la différence est tout-à-fait soutenable si l’on est bien entouré et point bonus pour le porte-monnaie.