Jobs étudiants, l'enfer ou le bon plan
Par Awa
Publié le 28 novembre 2022
illustration de fefe
Selon l’OMS, la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à chacun de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d'être en mesure d'apporter une contribution à la communauté ».
Etudiants et étudiantes sont donc les premiers concernés lorsqu’on aborde le sujet de la santé mentale mise en péril. Entre charge de travail conséquente, forte pression quant aux résultats des examens et peur de l’échec, ils doivent constamment faire face à des défis tout en devant rester productifs. Mais les études en soi ne sont pas le seul enjeu pour les étudiants, bien au contraire. Ils doivent également surmonter les difficultés financières auxquelles ils sont confrontés, dans l'ère d'inflation qui nous guette.
Effectivement, les étudiants affrontent de longues semaines de travail chargées, en plus de jobs étudiants pour la majorité. 73 % des étudiants en Suisse exercent une activité lucrative en plus de leurs études selon l’OFS (office fédéral de la statistique).
Il est important de souligner que l’emploi de l’étudiant ne représente qu’en moyenne 39% de ses ressources financières et qu’il dépend donc entièrement de sa famille pour le reste. Sachant que la situation des logements en Suisse, plus particulièrement dans la région lémanique, est un supplice pour les étudiants.
La précarité étudiante est donc une conséquence logique de tous ces chiffres. Mais que fait le gouvernement ? allez vous me demandez, et vous auriez raison. Toujours selon la même source, alors qu’un tiers des étudiants déposent des demandes, les bourses ou prêts étudiants ne représentent que 4% des ressources des étudiants suisses. Pour beaucoup, le job étudiant se trouve donc être une bonne alternative, voire une ressource nécessaire pour subvenir à leur besoin.
Néanmoins, il faut aussi se demander: qu’est-ce qu’un travail en plus des études représente concrètement dans la vie d’un étudiant?
Cela correspondrait environ à 9,7 heures de travail en moyenne par semaine en plus des 35,4 heures consacrées aux études, toujours selon l’OFS.
Si nous faisons donc un petit calcul, nous arrivons à des semaines de 45,1 heures (qui peuvent même s’élever à 52 heures si on compte les activités bénévoles) contre la moyenne de 41,6 heures pour un travail à temps-plein en Suisse.
Rappelons que beaucoup d’employeurs profitent également de cette situation pour payer les étudiants en dessous du salaire minimum (qui est de 24 chf de l’heure depuis Janvier 2023 à Genève).
Les conservateurs diront que oui, c’est bien connu, les études sont difficiles et que ma foi il faut s’accrocher car c’est un mauvais moment à passer, tant la précarité étudiante a été normalisée. Discours qui revient souvent, disant que la “nouvelle génération” n’aurait pas envie de travailler et serait feignante. Et qu’avant on ne se plaignait pas de ses sujets là et on allait très bien.
Seulement, la question n’est pas ici de parler de la dureté des études combinée au job étudiant en soi, mais surtout de ce qu’ils peuvent engendrer au niveau de la santé mentale des étudiants. En pensant aux chiffres cités plus haut, il y a clairement un lien à faire entre précarité étudiante et charge mentale.
Effectivement, ce sont des sujets dont on ne parlait que très peu, voire pas du tout, il y a encore quelques années, mais qui pourtant avaient déjà toute leur importance à l’époque.
Selon une enquête sur la santé mentale des étudiants de l’unige faite par l'ADEPSY (Association Des étudiant·e·x·s en Psychologie) au semestre d’automne 2021 la médiane du niveau de santé mentale se situait à 6/10. Un chiffre qui ne paraît peut être pas alarmant au premier abord, néanmoins, quand on apprend que 61% des étudiants se plaignent de symptômes d’anxiété, 33% de symptômes dépressifs et que 11% ont déjà eu des pensées suicidaires, on se rend compte que la santé mentale des étudiants est réellement mise à mal.
⅔ des étudiants ne se sentent pas soutenus par l’université, ce qui démontre un manque de communication de l’université, car pourtant il existe des ressources pour aider les étudiants qui vivent des périodes difficiles, que ce soit financièrement ou psychologiquement.
La plus importante est le #mymindmypriority, qui est une campagne de promotion de la santé mentale lancée par l’ADEPSY en collaboration avec l’université de Genève. Cette campagne rassemble toutes les ressources que possède l’université en termes de santé mentale sous forme de lien, numéros d’urgences, podcasts et bien plus encore.
Beaucoup d’associations se battent également contre la précarité étudiante, notamment la CUAE, syndicat étudiant luttant pour des meilleures conditions de vie pour les étudiants, qui a mis en place les repas à 5 chf et souhaiterait un retour des repas à 3 chf. La CUAE est également à la disposition de chaque étudiant qui aurait besoin de soutien, notamment pour déposer une demande d’aide financière. En effet, ⅔ des étudiants ne déposent pas de demande de bourse alors que sur les ⅓ ayant déposés une demande, 43% en ont bénéficiés. Autrement dit, il y a des étudiants qui seraient éligible à une aide financière mais qui l’ignorent.
Il a beaucoup été normalisé que la précarité étudiante faisait partie de la vie d’étudiant et que ces deux phénomènes étaient intimement liés.
Néanmoins quand on voit les conséquences que la précarité étudiante a sur la santé mentale, on se rend compte qu’il est temps que les choses changent.