En-Jeux internationaux
Par Anne-Laure
Publié le 1 novembre 2022
La nouvelle est tombée il y a moins d’un mois : l’Arabie Saoudite est le prochain organisateur des jeux d’hiver asiatiques en 2029. En effet, il a été décidé que les jeux se tiendraient dans une mégalopole futuriste du nom de Neom - plus précisément à Trojena, dans le secteur montagneux se situant au plein milieu du désert de ce même pays.
Pour se resituer, l’Arabie Saoudite est le plus grand pays du Moyen-Orient et est en grande partie recouvert de désert. L’annonce de ces jeux d’hiver a soulevé de nombreuses questions, notamment celle de savoir d’où viendra la neige ? Le gouvernement saoudien assure que de la neige tombe sur leurs montagnes. Il affirme notamment que la région de Trojena voit chaque année des “températures (descendant) en-dessous de zéro degré en hiver” comme le notifie le site des promoteurs des jeux. Cependant, cela ne prend pas en compte le très faible taux de précipitation dans la région. Cela implique qu’une grande partie de la neige devra être artificielle, même si aucun chiffre n’a encore été donné sur le pourcentage que cela représentera.
Ce n’est pas la première fois (et sûrement pas la dernière) qu’un événement sportif d’une telle ampleur se passe dans un pays dont la géographie est peu propice au bon déroulement des jeux. Comme la coupe du monde au Qatar, ces jeux vont à l’encontre des préoccupations climatiques qui prennent de l’ampleur depuis des dizaines d’années. Les jeux olympiques organisés à Sotchi en 2014 représentaient déjà un événement assez similaire aux jeux d’Arabie Saoudite. 80% de la neige était aussi artificielle et l’impact écologique avait été dénoncé par des ONG climatiques à ce moment-là.
Mais alors pourquoi des institutions mondiales comme le Conseil olympique d’Asie ou encore le comité exécutif de la FIFA désignent-t-ils ces pays ? Il est possible de soulever plusieurs raisons – sûrement pas exhaustives - qui permettent déjà d’y voir plus clair.
Tout d’abord, on peut penser à une volonté de désoccidentalisation de ces événements. Depuis des années, coupes du monde et Jeux olympiques se font dans des pays occidentaux, à quelques exceptions près. On pourrait imaginer que les institutions sportives veuillent mondialiser ces Jeux internationaux en déléguant leur organisation à des pays qui n’ont pas encore pu les accueillir.
Dans un second temps, il est vrai qu’on a pu voir un certain retrait des pays occidentaux dans la volonté d’organiser ces événements. Organiser des jeux sportifs coûte très cher et les infrastructures sont parfois abandonnées après la fin des compétitions, comme il a été possible de le voir à Athènes ou encore à Turin. Les États occidentaux ne voulant plus forcément les organiser, cela laisse la place d’organisateur à d’autres pays qui n’en ont pas encore eu l’occasion. Cela même si l’organisation de ces événements sur leurs territoires est dommageable au niveau climatique.
Finalement, une autre raison politique est à prendre en compte: l’Arabie Saoudite et le Qatar ne se sont pas proposés comme organisateurs de ces événements pour rien. Le facteur de soft power (« influence douce ») est à prendre en compte. Si on prend l’Arabie Saoudite, c’est un pays ayant déjà une grande importance religieuse et économique, surtout dans le monde arabe. Organiser ces jeux est le moyen de visibiliser le pays au plus grand monde. Tous les regards seront tournés vers l’Arabie Saoudite et son soft power augmentera en conséquence. Ce facteur est primordial pour un pays qui compte augmenter son influence sur la scène internationale. Les pays du Golfe ayant beaucoup de ressources financières, cela leur permet de faire pencher la balance de leur côté, notamment face à d’autres pays moins fortunés.
Étant donné ces facteurs dans la prise de décision des différents conseils sportifs, il est important de finir en se posant une question de fond : est-ce que l’argent, la désoccidentalisation et le soft power sont des raisons suffisantes pour ne pas respecter notre environnement ?
illustration de fefe