ZAD DU MORMONT,
Un usage disproportionné de la force ?
Par Maxime Mamouzi & Etienne Dussert
Publié le 13 avr. 2021
Il y a trois ans avait lieu le très controversé démantèlement de la ZAD de Notre Dame des Landes en région nantaise. Première occupation de ce type en France. Mardi 30 mars 2021, a été ordonnée l’expulsion des militants de la première ZAD de Suisse, sur la colline du Mormont.
Acronyme de Zone d’Aménagement Différé, le terme ZAD définit une zone ou un emplacement destiné à la construction ou l’aménagement d’un projet dans le futur. Le terme a été repris par les militants contestant les projets en le re-définissant en “Zone A Défendre”.
L’occupation de la Colline du Mormont qui a vu le jour le 17 octobre 2020 est considérée comme la première ZAD de Suisse. Les militants contestent l’extension de la Cimenterie Holcim d’Eclépens sur la Colline du Mormont, site naturel ayant une faune et une flore abondante et rare. “Elle [la colline] comprend de nombreuses espèces rares au niveau cantonal, voire au niveau Suisse, dont un grand nombre d’orchidées et un hybride de tilleul rare à l’état spontané. Ses chênaies présentent également une richesse exceptionnelle” (Association pour la sauvegarde du Mormont - Caroline Sonnay).
Regroupant des individus d’horizons différents, ces ZAD les rassemblent pour une cause commune : la protection de l’environnement et de l’écosystème local. Souvent sous le feu des critiques des gouvernements et des multinationales, les ZAD trouvent néanmoins le soutien des associations de défense de l’environnement et d’une part croissante de la population, qui ne s’assimile plus uniquement à l'extrême gauche, comme ce fut le cas au commencement de ces nouveaux mouvements.
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Très tôt le matin, les forces de l’ordre se sont rendues sur le site pour tenter de déloger les activistes. La centaine de policiers mobilisés, accompagnée de journalistes reconnaissables à leur gilet bleu, ont réussi non sans mal à faire fuir certains activistes, notamment en faisant recours à certains équipements tels que des nacelles et des Lanceurs de Balles de Défense (LBD). Toutefois, l’affrontement s’est déroulé dans une tranquillité ainsi qu’un calme notoire.
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Quelques zadistes se sont réfugiés dans les arbres et sur des tripodes pour leur échapper. Les quelques derniers activistes ont tenu jusqu’au 3 avril, perchés dans les arbres.
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Malgré un calme relatif, si l’on compare avec le démantèlement de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, l’expulsion des militants par les forces de l’ordre lourdement armées pose néanmoins quelques problématiques. Avant l’évacuation générale du 30 mars, les zadistes avaient établi un campement organisé sur les lieux. Ils étaient équipés de seringues physiologiques, de compresses stériles, avaient érigé des barricades pour contrer les véhicules de police ainsi que des cabanes en bois en haut des arbres. Les militants étaient également approvisionnés en vivres et ont pu bénéficier du soutien des habitants alentour, venus camper avec eux sur la colline. Les zadistes agissaient donc de manière très bienveillante et surtout non-violente. En tout cas, rien qui ne puisse justifier l’utilisation d’équipements lourds de la part des policiers, mais surtout le recours à des véhicules blindés (voir story de @mieuxi) dans le but de barrer toutes les routes menant à la colline.
Bien que très contestée en France, la ZAD comme moyen de militantisme avait permis aux militants de remporter leur combat après l’annonce du président Macron d’abandonner le projet d’aéroport du Grand- Ouest.
Cependant, au lourd prix de séquelles chez les militants. Quelle pourrait être la limite entre l’usage légitime et disproportionné de la force face à des militants très peu armés, et pour la plupart pacifiques ?
Désormais évacuée de ses occupants de quelques mois, le destin de la Colline du Mormont reste entre les mains du Tribunal Fédéral qui déterminera la survie de la faune et de la flore locales.
Pour visionner l’évacuation au plus près de l’action, rendez-vous sur le compte du média indépendant @mieuxi, qui s’est rendu sur place toute au long de la journée.
Par Maxime Mamouzi et Etienne Dussert
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