HISTORIOGRAPHIE
Par Louis Zarandia
Publié le 06 avr. 2021
Dans un monde qui s’échine à dire que l’être humain a évolué, que les erreurs du passé, appartiennent à l’Histoire, comment est-il possible que celle-ci se réitère et que personne ne fasse rien ?
Bien que tout un chacun est totalement conscient·e de la situation, vraisemblablement personne, seul·e, ne peut faire quelque chose pour changer les choses.
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A la lecture des livres d’histoire, on se pose généralement la question suivante : Comment est-il possible que l’on ait su et que l’on n’ait rien fait ? Maintenant près de 70 ans après l’un des plus grands drames du XXe siècle, nous n’avons pas évolué, et nos petits enfants ainsi que nos générations futures se poseront la même question : Comment, alors qu’iels savaient, iels n’ont rien fait ?
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Certain·e·s diront que seul·e on est impuissant, que face aux louvoiements du pouvoir des superpuissances qui régissent le monde d’aujourd’hui, nous ne faisons pas le poids.
Mais justement n’est-ce pas grâce aux soulèvements populaires que les choses ont changé ?
Une fois que la machine grondante du peuple est en mouvement, qui est là pour l’arrêter ?
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Actuellement tout le monde sait, personne ne dit rien. On continue à acheter, on se réconforte à l’aide de communiqués de presse, disant que les grands industriels vont changer leurs pratiques, puis plus rien.
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On s’émeut devant certaines images, on change nos photos de profil sur les réseaux sociaux, on se pare des couleurs d’une cause, pour les plus courageu·x·ses d’entre nous, on va même jusqu’à manifester, puis plus rien.
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L’humain est effréné, iel a besoin de changer d’idée, iel a besoin d’une actualisation continuelle des discours et des causes. Seulement une minorité persévère dans la lutte sur le long terme.
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Une société qui continue sa tendance à l’accélération, là où la vie de tout un chacun s’est ralentie ces douze derniers mois, les médias ont contribué à diffuser encore plus rapidement thèses et concepts de révolte, tel que #Metoo, BLM ou d’autres encore. Mais tout a une durée de vie limitée, aussi vite que cela est apparu, ces causes disparaissent dans les tréfonds sinueux de notre mémoire sociétale. Là où des dizaines de milliers de personnes se sont mobilisées un jour, le lendemain il ne restera que quelques fidèles.
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Heureusement pour nous, ainsi que pour notre future historiographie, certaines voix, de temps à autre, s’élèvent et brisent le silence pour nous rappeler les combats de notre temps.
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Là où plus personne ne paraissait concerné, un jour, un discours bien prononcé, une publication Instagram bien rédigée ou un tweet bien relayé plus tard, la ferveur populaire reprend et consume encore pour quelques temps le peu de poudre restante, avant que la mèche à nouveau ne s’éteigne, dans l’attente de nouvelles étincelles.
À toutes celles et ceux qui s’échinent à dénoncer la vérité, qu’elle soit bleue, violette ou jaune. Nous vous devons toute notre reconnaissance pour la préservation de notre humanité communautaire, ainsi que pour l’image de notre société que l’on transmettra, grâce à vos combats, dans les livres d’histoire des futures générations.
Par Louis Zarandia