Libertés de presse et d’expression – une réflexion personnelle
Par Sveva
Publié le 28 novembre 2022
illustration de fefe
La liberté de presse et d’expression, des principes cardinaux sur lesquels les sociétés démocratiques se basent ; selon la définition du dictionnaire Larousse, elle est également une condition nécessaire à l’exercice de la démocratie. Un droit humain inaliénable, en absence duquel l’usage arbitraire de la force serait à l’ordre du jour. Un droit qui constitue une partie intégrante de nous, de notre être et que nous exerçons au quotidien sans nécessairement le réaliser. Le fait même de participer à la vie associative universitaire, de nous exprimer à propos de thématiques qui nous tiennent à cœur, de nous prononcer politiquement au moyen du vote ; toutes ces actions banales, qui nous semblent acquises sont d’une puissance et d’une profondeur inénarrable, car conquises à travers des conflits sanglants dont, trop souvent, nous oublions l’ampleur.
Mais pourquoi parler de liberté de presse et d’expression en 2023, dans un contexte socio-institutionnel comme celui de la Suisse ou de l’Europe occidentale, célèbres à l’échelle internationale pour leurs manœuvres politiques visant à la défense de ces principes ?
Avant de tenter d’esquisser une réflexion sensée et, avec un peu de chance, concise, je tiens à préciser que la finalité derrière cet article n’est pas la provocation; mon seul désir est celui de mettre noir sur blanc des questions que depuis quelques temps me hantent, sans avoir la prétention de susciter rien du tout.
Selon le dernier classement publié par Reporter Sans Frontière en 2022, la Suisse aurait perdu 4 places, devenant le 14ème pays pour la liberté de la presse. De nombreux journalistes, ainsi qu’activistes se sont exprimés sur le sujet en affirmant que, bien que la situation en Suisse reste « plutôt bonne » des préoccupations au sujet de la liberté de la presse ainsi que d’expression ont commencé à se diffuser dans le tissu social.
Au soutien de cette théorie? Le non à la votation sur l’aide aux médias datant de février 2022, selon de nombreux activistes et commentateurs; résultat qui a bloqué l’aide de 151 millions de francs en soutien au monde du journalisme et de l’information et qui a été défini par la Radio Télévision Suisse comme le « Dimanche Noir pour la Presse », vu l’incertitude économique dans laquelle nos médias se retrouvent.
Les sanctions judiciaires auxquelles les journalistes et informateurs suisse sont soumis - notamment dans enquêtes portant sur les secrets bancaires - et qui ont étés durcies en 2015, suite à l’adoption d’une nouvelle législation, sont également objet d'inquiétude et de préoccupation. Un journaliste qui publie des données volées concernant nos banques risque désormais jusqu’à cinq ans de détention. La loi a été condamnée, évidemment, par une partie de l’opinion publique, ainsi que plusieurs entités et organismes internationaux, parmi lesquels RSF qui a définie ces sanctions judiciaires comme une «menace intolérable pour la liberté d'information».
Sanctions judiciaires, difficultés économiques, ainsi que le manque d’information certaine et l’adhésion à théories de nature complotiste, notamment pendant la pandémie de Covid-19, qui ont considérablement influencé le paysage médiatique suisse, ainsi que la façon dont nous nous exprimons.
Il est donc légitime de se demander quelles sont les causes à la base de ces fléaux, ainsi que des inquiétudes partagées sur le sujet.
Uns des problèmes majeurs liés à ces préoccupations pourrait concerner un phénomène profond et enraciné dans l’homme, c’est-à-dire le conformisme : le soutien d’un paradigme prédominant au détriment d’autres, sans le mettre nécessairement en discussion. Ce qui mettrait péril la liberté de la presse et d’expression serait donc – à la base – le manque d’un esprit critique consolidé ; facteur qui résulterait en une absence de pluralisme – dans nos discours, ainsi que dans la presse -, un nihilisme général désarmant.
Ce phénomène, nous pouvons l’observer dans un nombre considérable de discours politiques, ainsi que dans notre quotidien : un désir et un besoin d’adhérer à quelque chose qui est au-delà de nous, qui puisse nous conférer le sens d’appartenance, que nous cherchons tant.
Bien que le débat public sur le sujet à commencer à prendre racine et à se diffuser une question continue à se poser : comment pouvons-nous avoir la prétention de vivre dans une société qui soit véritablement libre, différenciée et pluraliste, si nous manquons du moteur de la construction de toute pensée, réflexion ou analyse ?